Searching for a new home [pv la meilleure coloc' du monde]

Nous sommes à bord du vol 745 à destination de l'Amérique. La ville de Columbus, Ohio, est en vue. A l'annonce de l'hotesse, Sydney pose sa revue de mode et repousse le petit rideau, dévoilant un paysage magnifique. Toute la ville se déroule sous ses yeux. Cette fois-ci, ça y est, la miss est de retour chez elle. Après une douzaine d'heures de vol, elle sent enfin l'avion descendre, ce qui provoque une sensation bizarre dans son ventre puis celui-ci se pose en douceur. Bien qu'elle soit heureuse d'être de retour dans son pays, Sydney n'est pas pressée de sortir de l'engin. Elle est partie un an plus tôt, un peu comme une voleuse, après sa rupture avec Andrew et elle n'est pas sure que même sa soeur soit au courant qu'elle est partie aussi longtemps. Il n'y aura donc certainement personne pour l'accueillir dans le hall d'arrivée. Elle laisse passer les autres passagers puis se décide elle aussi à sortir. Un dernier mot de remerciement aux membres de l'équipage et voilà la demoiselle qui pose son premier pas depuis bien longtemps sur le sol américain, premier pas dans une nouvelle vie, premier pas dans l'inconnu.

Elle avait effectivement raison. Le hall d'arrivée est bourré de famille, d'amis, tenant des pancartes, hurlant quand ils entraperçoivent le visage d'un être aimé et se jetant dans leur bras tendrement. Pourtant personne ne bouge quand Sydney arrive. Pas de pancarte, pas de cri, pas d'embrassades pour elle aujourd'hui. Comme elle aimerait qu'Andrew soit là, au milieu de cette foule, qu'il se jette dans ses bras lui aussi et qu'il l'embrasse passionément. Mais elle sait qu'il ne viendra pas, du moins pas aujourd'hui. C'est encore trop tôt pour qu'il lui ait pardonné. Mais, un jour, il le fera, elle en est persuadée. Parce que ce n'était qu'une erreur. Ils sont faits pour être ensemble. Pour l'instant, elle s'éloigne de l'aéroport et hèle un taxi pour qu'il l'amène jusqu'à Twinsburg.

Quand les premiers contours de la ville commencent à se dessiner, elle se rappelle de la première fois qu'elle les a vus. Elle avait dix ans, elle n'avait aucune envie de venir y vivre et trouvait la ville horrible. Seize ans plus tard, pour sa deuxième arrivée, elle trouve la ville étonnamment vivante et chaleureuse. Elle regarde encore une fois le bout de papier qu'elle avait gardé dans la poche de son jean et sur lequel est noté en grandes lettres fines et élancées: Morgane Davies, Moreland Hills. Elle avait pris contact avec la jeune femme une quinzaine de jours plus tôt, par Internet. Celle-ci habitait une grande villa et avait besoin d'un ou d'une colocataire et comme Sydney avait vendu sa maison avant de partir en Europe, elle avait besoin de retrouver un logement. Les photos que Morgane lui avait envoyées l'avaient immédiatement séduite et elle avait accepté. En plus la maison était extrêmement bien située, dans le quartier chic de la ville, Moreland Hills, où elle habitait déjà auparavant grâce à son salaire assez généreux de styliste connue.

Une fois arrivée dans le quartier, elle demanda au chauffeur de s'arrêter. Elle ferait les derniers mètres à pieds. Elle paya généreusement la course et sortit du véhicule. Le soleil inondait le ciel de ses rayons et réchauffait la peau de Sydney. Elle sortit de larges lunettes de marque de son sac à main et les posa sur ses yeux afin de les protéger, prit sa lourde valise dans le coffre et partit à pied à travers les grandes propriétés protégées des regards indiscrets par de larges haies. Heureusement qu'elle avait décidé de s'habiller légèrement pour voyager. Elle avait seulement enfilé une robe en coton à carreaux blancs et mauve, resserrée à la taille, avec de fines bretelles à nouer. Elle avait noué autour de son cou, deux foulards légers, un blanc, un mauve et, pour compléter sa tenue, des bracelets en bois de plusieurs largeurs différentes et un pendentif orné de bijoux en argent et en bois.

Elle reconnut très vite la maison quand elle arriva devant le porche d'entrée. Les photos que Morgane lui avaient envoyées n'étaient pas mensongères. La bâtisse était magnifique, avec des murs couleur abricots, une large baie vitrée qui recouvrait tout la facade nord et un énorme jardin bien entretenu, au milieu duquel tronait une large piscine remplie d'une eau turquoise qui ne donnait qu'une envie, y plonger pour se raffraichir. Elle sonna donc et attendit qu'on lui réponde.